Apprentissage [PV - Elana]

PRÉCÈDENT

Ils avaient mis plusieurs jours à atteindre les environs de Thorone. Au soir de leur rencontre, comme prévu, ils avaient retrouvé le jeune Robin, qui lui avait eu bien du mal, à pied, à semer les nains qui les pourchassaient. A l’aube du lendemain, de nouveau Robin était parti de son côté, et ils ne le revirent plus. Ils laissèrent la Dent-d’Ours et sa rivière derrière eux et galopèrent à travers les roches aussi vieilles que le monde. Les sabots de Jezabel martelaient le sol au rythme de sa cadence, faisant résonner dans les montagnes un son ternaire, imitant les tambours de guerre qui n’avaient pas rugis depuis bien des années. Ils ne s’étaient arrêtés que pour manger les maigres provisions que Murtagh avait sur lui – de la viande séchée et quelques miches de pains –

Ils arrivèrent dans la ville des hors-la-loi au crépuscule, lorsqu’à l’ouest le soleil se couchait. D’un pas calme et assuré, la jument noire s’avança sur les rondins de bois qui reliaient les bords de deux falaises traversée par un torrent, à la manière d’un pont. La ville leur apparue ensuite, construite en majeur partie en bois et en pierres. Certaines torches avaient été allumées, et bientôt le brouhaha de Thorone s’éleva, brisant le silence qui les avait durant tout le voyage accompagné. Les chemins étaient en terre battue, tassée par les nombreux pieds et sabots qui l’avaient foulé. Avant d’être vu par qui que se soit, Murtagh arrêta Jezabel.

— Cache ta dragonne. Les habitants de cette ville n’ont pas vraiment l’habitude de voir des dragons. Nous ne faisons que traverser.

La jument reprit sa marche, et lorsqu’ils atteignirent l’entrée de la ville un homme assit sur un rocher et munit d’une lance les suivit du regard, comme pour s’assurer que rien de suspect n’entrait dans le seul refuge des vagabonds. Il sembla reconnaître Murtagh – que tout le monde ici connaissait sous le nom d’Argos – mais s’attarda un moment sur l’étrange silhouette derrière lui, dont le visage était masqué. Il les laissa cependant passer, jugeant bon de faire confiance au cavalier qui dirigeait la monture. Comme annoncer par Murtagh, ils traversèrent la ville sans s’arrêter, mais sans se priver des visions que leur offrait la ville : des femmes et des enfants traînaient encore dans les rues, travaillant et jouant, vivant, comme si rien ne les atteignait. Et c’était en partie vrai, d’ailleurs … pour beaucoup d’entre eux, le monde extérieur – celui d’où venait Elana – n’existait simplement pas. Mais si cette joie de vivre était visible, la réalité l’était aussi : certains de ces enfants n’avaient que la peau sur les os, et leurs cheveux crasseux cachaient un visage noircit par la poussière. Certains levèrent les yeux sur les deux cavaliers, avec parfois un regard suppliant. Mais Jezabel continuait d’avancer. Bientôt, ils prirent un nouveau chemin, et s’enfoncèrent de nouveau dans les montagnes.

Moins d’une lieue les séparaient de la ville lorsque Murtagh stoppa Jezabel, cette fois définitivement. La jument gratta le sol, secoua la tête, semblant reconnaître le lieu. L’ancien dragonnier mit pied à terre, et annonça à Elana :

— Nous retournerons à Thorone demain, en attendant on va dormir ici. Ça va surement te changer de ce que tu as pu connaître, mais bon …

Froid. Il était froid et sec, et il n’y avait aucune trace d’une quelconque amitié dans sa voix. Pourquoi était-il ainsi ? En réalité, il se battait contre lui-même, et le savais. Au dessus d’eux se tenait une grotte à l’apparence banale, qui cependant ne l’était pas tant lorsqu’on s’y approchait de plus près. Murtagh laissa à Elana le soin de le suivre, tendis qu’il se dirigeait vers ce qui avait été durant les 40 dernières années son lieu d’habitation.

— Personne ne viendra ici.

Affirma Murtagh. Il attacha le cheval à la branche d’un arbre mort.

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis qu'Elana, la jeune apprentie dragonnière avait fait la rencontre d'Argos dans les dangereuses montagnes des Beors, l'illustration même était le loup gigantesque, un shrrg comme l'avait appellé Argos. Après cette rencontre ils furent rejoints par un jeune garçon qui semblait bien le connaitre, ce dernier était poursuivi par des nains ce qui les força à se séparer pour leur échapper. Ils retrouvèrent ce jeune garçon, Robin plus tard et le lendemain ce dernier repartit à l'aventure.

Depuis cette séparation tous deux avaient fait route vers la ville de Thoronne, en arrivant elle suivit sagement le conseil d'Argos et dissumula Anga dans ses vêtements, la petite dragonne resta parfaitement calme ce qui rendit leur traversée de la ville plus facile, elle la laissa ressortir sa petite tête une fois qu'ils avaient quitté la ville et étaient parvenus devant la grotte où ils passeraient la nuit.

L'homme à la chevelure brune avait parlé d'une voix froide et sèche, sans aucune trace d'amitié. Elana ne s'en offusqua pas mais cela ne lui plaisait pas vraiment, elle tâchait de maintenir actives ses encores bien faibles barrières mentales et s'arrangeait pour que son visage et plus particulièrement son regard ne la trahisse pas. Le moment serait mal choisi pour qu'elle décide de n'en faire qu'à sa tête comme elle savait si bien le faire, elle se contenta simplement d'approuver ses paroles et s'avança dans la grotte.

Anga sortit complètement des vêtements de la jeune femme et vint se poser sur son épaule gauche, elle lui tendit la fin de sa dernière tranche de viande séchée que la dragonne happa en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Quand elle eut achevé son frugal repas, la petite dragonne resta sur l'épaule d'Elana et toutes deux se tournèrent vers Argos.

-Et maintenant, que fait-on ? Demanda-t-elle calmement, appuyée du regard par Anga, aussi curieuse qu'elle sur le point de leur devenir maintenant qu'elles étaient libres de la confrérie des dragonniers et dans les Beors en compagnie d'Argos. Elana en attendant une réponse s'assit sur un rocher relativement plat et murmura un sort en ancien langage pour ne pas perdre la main et continuer son apprentissage, en autodidacte s'il le fallait.

-Stenr reisa.

Elle souleva un galet qu'elle mit d'abord en lévitation et dont elle s'assura de la stabilité dans les airs avant de le faire bouger. Une fois sure de son contrôle sur le galet elle l'ammena lentement à venir au dessus de sa main qu'elle tendit à ce moment là, elle relacha sa concentration et le sort s'annula. Le galet retomba net au dessus de sa main qu'elle referma pour assurer sa prise, elle la rouvrit et garda le galet dans les mains. Elle réitera son exercice en mettant sa main à plat.

Elle fixa le galet à nouveau et le refit léviter en prononçant de nouveau le sort dans un murmure, une fois son contrôle suffisant elle le lâcha et, par sa concentration le ramena à son endroit d'origine, elle s'assura qu'il soit à même le sol et relacha sa concentration. Le caillou reprit sa place et elle retourna le regard vers Argos, tout au long de son execice elle avait veillé à garder une infime par de son esprit en attente de la réponse à la question qu'elle avait formulée précédemment.

S’arrêtant dans son geste, Murtagh resta silencieux et observa Elana durant tout le temps de son « entraînement » C’était donc comme ça qu’Eragon formait ses élèves ? C’était donc ça, l’entraînement qu’il n’avait jamais eu ? Galbatorix avait fait de lui une arme, une arme dont il s’était servi quand bon lui avait semblé. Une arme, qui avait finis par se retourner contre lui, et qui avait causé sa perte. Lorsque le caillou repris sa place initiale, Murtagh se reprit, dissimulant l’intérêt qu’il avait eu pour ce qu’Elana avait fait. Il se dirigea vers l’entrée de la grotte, y disparut un moment, avant d’en ressortir. Vêtu d’une simple armure en cuir (il avait entre autre déposé son manteau dans la grotte) Murtagh partis desseller Jézabel, tout en répondant à la jeune dragonnière.

— Je te l’ai dis : on va dormir ici. La nuit tombe vite dans les montagnes.

Il savait très bien qu’il ne répondait pas à la question de la jeune femme, mais Murtagh était si fier qu’il ne pouvait admettre qu’il ne savait pas ce qui allait se passer désormais. En fait, il ne savait même pas comment les choses allaient tourner, et à vrai dire c’était tout juste s’il était conscient de ce qui était en train de se passer. Devant lui se tenait une dragonnière et sa dragonne. Devant lui se tenait l’espoir de tout un monde, de tout un peuple, celui des « Nouvelles Terres ». Combien étaient-ils déjà ? Trois, ou quatre … Eragon, Arya, ce Gabriel, prince du Surda, et elle, qui n’avait pas trouvé mieux que de se retrouver au cœur des Montagnes des Beors, en plein territoire ennemi, si l’on pouvait dire ainsi.

— Ah, et puis … tu sais pas faire autre chose que de soulever un caillou ? Non par ce que, si c’est comme ça qu’Eragon vous forme, ce n’est pas étonnant qu’il refuse de venir faire du ménage ici … si l’attaque spéciale de la caste c’est le lancé de cailloux, elle risque pas de tenir bien longtemps …

Sarcasme et ironie, voilà derrière quoi Murtagh se cachait. Le temps avait fait du jeune homme bien de choses et l’avait fait changer sur beaucoup d’aspect, pourtant dans le fond il était toujours le même. Preuve en était, Elana était encore en vie, saine et sauve. L’ancien dragonnier aurait très bien pu la capturer et demander une rançon à Eragon, ou autre chose dans ce goût là. Dire qu’il n’y avait pas pensé serait mentir, car finalement, dans un sens, c’était à cause d’Eragon que Thorn était mort.

— Ah et je suppose et tu es aussi doué à l’épée qu’en magie … remarque au moins Eragon ne risque pas d’avoir de la concurrence comme ça …

L’ancien dragonnier posa la selle de la jument noire sur le sol, lui flatta doucement l’encolure avant de la laisser tranquille. L’intention de Murtagh se tourna sur la jeune dragonne rouge.

— Et toi, je parie que tu sais même pas cracher du feu … vous faites une belle équipe tiens.

Murtagh eut un léger sourire avant d’avoir un soupir amusé. Ce qui était certains, c’était qu’Elana n’apprécierait pas. Mais le ferait-elle savoir ? Oserait-elle se dresser contre lui en lui prouvant qu’il avait tord, au risque de se retrouver seule dans les montagnes ? L’ancien dragonnier savait qu’il ne tarderait pas à le savoir.

La jeune apprentie dragonnière n'avait pas prêté attention aux allées et venue d'Argos et n'avait donc pas vu son intérêt pour un entrainement si basique que celui qu'elle venait d'effectuer, il éluda sa question en lui répétant qu'ils resteraient dormir ici et ajouta que la nuit tombait vite dans les montagne.

Sur ce point elle ne pouvait que le croire parce qu'il connait ces montagnes bien mieux qu'elle, elle se résigna à sa précédente réponse parce que même apprentie et sans avoir eu besoin de sonder son esprit ce dont elle est, pour l'instant en tout cas parfaitement incapable, elle avait compris qu'elle n'en tirerait pas plus de lui aujourd'hui.

Elle bouillonnait de rage en entendant les sarcasmes de son interlocuteur mais par fierté probablement mal placée elle ne voulait pas lui montre qu'il avait réussi à l'affecter. En temps normal elle lui aurait sans doute répondu mais le moment était bien mal choisi pour s'aliéner l'homme qui l'avait sauvée d'une mort certaine seulement quelques heures plus tôt.

Son regard et ses pensées l'avait sans doute déjà trahi et Argos savait exactement ce qui se passait dans sa tête. Réalisant cela elle dressa dans son esprit un semblant de barrière mentale pour l'empêcher de lire dans son esprit comme dans un livre ouvert, cela ne servirait sans doute pas à grand chose mais c'était toujours mieux que rien.

-C'est facile de se moquer de quelqu'un qui apprend...

-Je ne te l'apprend sans doute pas mais l'arme ne fait pas tout dans la puissance du combattant.

-Mais puisque tu es si fort et si intelligent pourquoi ne pas m'en faire profiter ?

Quand elle le vit s'approcher d'Anga instinctivement elle vint se dresser entre elle et lui, elle pouvait parfaitement supporté qu'on s'en prenne à elle mais la simple idée qu'on s'en prenne à sa dragonne lui provoquait un pincement au coeur qui l'avait poussée à son geste.

Elle n'avait même pas eu le temps de réfléchir à la situation, son corps a bougé tout seul. Il lui paraissait inconcevable qu'Argos les ait sauvées Anga et elle par pur hasard, et puis même après les avoir sauvées il aurait pu simplement partir sans se retourner et pourtant il était toujours là avec elles.

Pour Elana la preuve en était qu'il ne pouvait pas être animé d'intentions foncièrement mauvaises, l'apprentie dragonnière se rapprocha de sa jeune dragonne et lui caressa tendrement la tête, sa gedweÿ ignasia scintilla à ce contact et installa entre elle un contact d'une chaleur réconfortante. Anga réagit en frottant sa petite tête écailleuse contre la paume de la main de sa dragonnière.

Anga était restée silencieuse jusque là. En spectatrice, elle pensait pouvoir profiter de cette momentanée discrétion pour la tourner à son avantage. Dans cette position, elle pouvait ainsi mieux observer ce qui l’entourait mais surtout, mieux réfléchir à la situation dans laquelle elles se trouvaient, à ses implications, et à éventuelles conséquences…

Elle était restée comme ainsi depuis qu’elles avaient quitté Vroengard.

Perdue dans des pensées, la jeune dragonne n’avait depuis quasiment adressé la parole à son âme-sœur. Elle avait gardé pour elle la majeure partie de ses réflexions pour ne pas l’inquiéter davantage, essayant de démêler les émotions, les idées confuses, les doutes, les craintes qui l’assaillaient...

Seulement, depuis quelques jours, les choses s’étaient précipitées : Elena et elle-même avaient frôlé la mort, avaient été sauvé par un bien étrange et déplaisant personnage et se retrouvaient à présent à suivre celui-ci. Tout avait commencé de manière si soudaine et s’était si rapidement enchaîné qu’Anga se trouvait plus confuse que jamais. Malgré les doutes de la jeune femme au sujet d’Argos, elle avait trouvé Elena un peu trop prompte à accepter l’aide de ce mystérieux sauveur.

Elle n’avait pas confiance en cet homme.

Bien qu’elle lui soit sans aucun doute redevable par l’honneur, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était trop secret, trop subtile, trop calculateur pour être tout à fait honnête avec elles. Cet homme devait cacher un passé lourd et sombre, cela se voyait sur son visage. Et si la dragonne pensait que la passé d’un homme ne regardait que lui, elle ne pouvait s’empêcher de penser quels obscurs secrets il pouvait également leur cacher…

Et si ces actions bienfaisantes et protectrices n’étaient que façade ? Et si au contraire elles n’avaient été depuis le début dupées pour être menées vers un danger plus grand encore ? Un piège ? Il devait y avoir plus d’une personne en Alagaésia qui pourrait faire usage d’une Dragonne et de sa Dragonnière… Une sorcière ou un vieil alchimiste pourraient aussi y trouver leur utilité, même dans leurs carcasses… Les organes et certaines parties des Dragons n’avaient-elle pas de puissantes vertus magiques ? Cet homme pouvait donc tout aussi bien être un mercenaire ou un trafiquant… Un mercenaire très intelligent, et très fourbe… Et qui semblait en savoir d'ailleurs bien plus sur les Dragons et les Dragonniers que de coutume... Raison pour laquelle elle ne pouvait s’endormir le soir sur ses deux oreilles.

En vérité, Anga ne l’avait pas quitté d’un œil depuis le début. Restant éveillé à toute heure de la nuit et du jour, elle était toujours en éveil, prête à réagir au moindre signe d’agression ou de danger. Elle n’avait donc pu trouver le sommeil depuis plusieurs jours. Mais, à présent accablée par la fatigue, elle n’était plus aussi alerte… et bien plus prompt à l’irritation…

— .... Et toi, je parie que tu sais même pas cracher du feu… Vous faites une belle équipe tiens.

Piquée dans son orgueil et avec un regard noir, Anga émit à l’encontre de l’homme en noir un grognement qui se voulait menaçant. Seulement, celui-ci ressemblait davantage au feulement rauque d’un chat sauvage qu’au grondement de colère d’une jeune dragonne. Et cela ne fit qu’accentuer son indignation.

Sauveur ou pas, elle n’appréciait pas le sarcasme. Et encore moins à l’encontre de sa liée ou d’elle-même.

Elle était étonnamment minuscule - et faible - pour son âge, c’était un fait. Elle grandissait peu alors qu’habituellement les membres de son espèce se développaient et grandissaient à une vitesse accélérée durant cette période. Elle se sentait comme une infirme et elle en souffrait déjà suffisamment. Il était inutile qu’un vagabond sortit dont ne sait où en rajoute une couche. Elle était peut-être petite, mais elle n’était pas sans défense ! Elle était une dragonne voyons ! Et rien que par son ascendance elle méritait le respect.

Si ce n’était sa taille ridicule, sauveur ou pas, elle se serait sans doute jetée à la gorge du provocateur pour le faire taire. Mais, le temps qu’elle ravale sa rage, Elena avait déjà pis les devants et lancée une réponse cinglante à l’insolent personnage.

- C'est facile de se moquer de quelqu'un qui apprend... Je ne te l’apprends sans doute pas mais l'arme ne fait pas tout dans la puissance du combattant.

Anga émit un grognement de déplaisir. L’arme ? L’arme ? Était-ce elle qui était comparée à une arme ?

- ... Mais puisque tu es si fort et si intelligent pourquoi ne pas m'en faire profiter ?

La jeune dragonne eut comme un pincement au cœur devant le geste de protection presque instinctif de sa liée. Paraissait-elle vraiment si faible ? Si inoffensive ? Si elle n’avait pas autant de fierté elle se serait sans doute laisser aller à s’apitoyer sur son sort...

Elle répondit néanmoins au geste doux et plein d’affection de la jeune Dragonnière qui vint lui frotter le sommet de la tête en épousant la main caressante de celle-ci avec un bref ronronnement de plaisir.

La dragonne en profita pour s’adresser à Elena, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des jours :

« Elena… Je ne lui fais pas confiance. Il serait peut-être temps de reprendre notre route… Seules ?... »

Elle espérait que cela soit aussi simple, que celle-ci accepte et qu’elles en aient fini avec tout ça pour reprendre leur voyage là où elles l’avaient laissé. Mais au fond, Anga savait bien que cette solution n’était pas forcément la plus raisonnable. Cet Argos, aussi fou, désagréable et grossier puisse-t-il être pouvait bien être aussi leur seule chance de survie dans ses contrées inhospitalières…

Une fois de plus, la jeune dragonne regrettait qu’elles aient quitté la citadelle des Dragonniers avant qu’elles n’aient pu en apprendre plus, notamment en ce qui concernait les règles de survie et l’art du combat. Même quelques connaissances supplémentaires sur l’usage de la magie auraient pu leur être utile.

[Désolé pour le retard =$]

Un léger sourire s’afficha sur le visage de Murtagh lorsque la petite dragonne rouge émit un grognement digne d’un chaton enroué … le regard de l’ancien dragonnier croisa celui d’Anga l’espace de quelques secondes, avant de se focaliser de nouveau sur la dragonnière. Depuis combien de temps Anga avait-elle éclos ? Elles se ressemblaient déjà tellement … elles avaient tous deux grogner sans mordre.

— Te faire profiter de ce que je sais ? (il émit un petit ricanement) A quoi bon ? Eragon saura le faire bien mieux que moi.

Car oui, si Murtagh était bien sûre d’une chose, c’était que la dragonne et sa dragonnière finiraient par retourner auprès d’Eragon et de Saphira … que pouvaient-elles bien faire d’autre ? Elles ne pourraient rester indéfiniment dans ces montagnes à attendre il ne savait quoi. Les anciens impériaux finiraient par les retrouver, et certainement pas pour leur souhaiter la bienvenue … et s’il y avait bien une chose que Murtagh devait éviter, c’était bien cela. Une pseudo paix régnait depuis près de 40 ans, mieux valait ne pas la mettre en péril. Sortant de ses pensées, l’ancien parjure récupéra sur la selle de la jument l’arc et le carquois remplis de flèches qui y étaient attaché.

— Bon, au lieu de jouer avec un caillou, pose tes affaires et suis moi.

Ce qu’il avait l’intention de faire ? La seule chose vraiment utile à cette heure là : chasser. Elana savait-elle simplement traquer ? Murtagh en doutait quelque peu … ce n’était pas le genre de chose qu’on apprenait aux jeunes filles de son rang. Anga sa dragonne ne devait pas en savoir davantage … Saphira lui avait peut être apprise les bases, et encore, la bêtes rouge lui paraissait bien jeune … à sa naissance, Thorn avait à peu près la même taille, à quelque choses près. Malheureusement, il ne pouvait se baser sur la taille de son feu dragon rouge pour définir l’âge d’Anga, Galbatorix ayant utilisé la magie pour le faire grandir plus vite …

— Il faut qu’on trouve à manger pour ce soir. Dans l’immédiat, ça te sera plus utile.

Affirma Murtagh, non sans ironie. Il s’en voulait un peu d’être comme ça avec elles, mais il ne pouvait faire autrement, car il se connaissait … s’ils venaient à devenir plus proches, il ne pourrait leur cacher qui il était vraiment, et cela il ne pouvait se le permettre, du moins pas tout de suite. Murtagh était conscient que, tôt ou tard, les masques finiraient par tomber.

— Tu sais te servir de ça ?

Demanda l’ancien dragonnier à Elana en désignant l’arc qu’il tenait dans la main.

-Oui, mais il se trouve que pour l'heure Eragon est un peu loin. Répondit Elana en imitant le ton ironique qu'employait son interlocuteur depuis le début de la conversation. De plus elle n'avait aucune envie de revoir le premier dragonnier de la nouvelle génération de sitôt, elle voulait rester loin de lui le plus longtemps possible, le temps de prendre du recul. Elle communiqua télépathiquement avec sa dragonne pour la rassurer.

"-Ne crains rien Anga, ce n'était pas toi que je qualifiais d'arme, c'était le cailloux avec lequel je m'entrainais."

"-Je n'ai pas non plus une confiance absolue en lui, mais si nous nous retrouvons toutes seules nous n'aurons pas la moindre chance de survivre longtemps."

"-Pour l'heure nous devons prendre notre mal en patience et attendre, c'est tout ce que nous pouvons faire malheureusement."

La jeune apprentie dragonnière se releva et croisa le regard d'Argos qui lui demanda de le suivre, ce qu'elle fit, s'éloignant à peine d'Anga. Le brun ténébreux avait raison, il fallait qu'ils trouvent à manger pour ce soir. Argos lui tendit un arc qu'elle saisit dans sa main gauche, elle saisit une des flèches dans le carquois et la plaça entre les deux bagues sur la corde. Elle dirigea son regard vers l'entrée de la grotte et banda l'arc, prête à décocher à tout moment, sa main à hauteur de la coumissure droite de sa lèvre et la corde de l'arc sur son nez. L'ouie d'Elana était en alerte permanente.

Un bruissement sur l'herbe sèche de l'extérieur, elle décocha son trait mortel, laissant sa main continuer à partir jusqu'à ce qu'elle s'arrête sur son épaule. La flèche atteint un lièvre qui passait par là, elle s'approcha de l'animal blessé et l'acheva d'une seconde flèche, en plein coeur celle-ci. Elle déposa l'arc à côté de le selle de Jezabel et partit prendre le lièvre qu'elle venait d'abattre. Elle retira les deux flèches et les essuya en sortant un morceau de tissus de son mince bagage. Elle déposa l'animal mort devant Argos et planta son regard dans le sien.

-Alors ? Tu doutes toujours de ma dextérité au tir à l'arc ?

-Ce n'est pas Eragon qui m'a appris ça.

-C'est dame Arya qui m'a enseigné l'art du tir à l'arc.

"Ne crains rien Anga, ce n'était pas toi que je qualifiais d'arme, c'était le caillou avec lequel je m’entraînais."

La dragonne laissa s'échapper un petit gémissement. Même si la comparaison avec une arme n'était pas glorieuse, elle ne pouvait s'empêcher de penser que le caillou était peut-être d'une plus grande utilité et d'une plus grande dangerosité qu'elle ne l'était pour sa Liée. Même si elle n'était pas censée devenir un arme, elle aurait du être plus implacable et plus impressionnante qu'une épée au poing. Elle était plus que le simple bras armé du Dragonnier ; le Dragon devait être lorsque cela était nécessaire, la mort personnifiée.

"Je n'ai pas non plus une confiance absolue en lui, mais si nous nous retrouvons toutes seules nous n'aurons pas la moindre chance de survivre longtemps. Pour l'heure nous devons prendre notre mal en patience et attendre, c'est tout ce que nous pouvons faire malheureusement."

La Dragonne n'avait malheureusement pas d'autre choix que d'approuver le choix de sa Dragonnière qui pour une fois, semblait la voix de la raison.

Elle assista ensuite muette à toute la scène entre Elena et Argos, muette. Mais si elle admira une fois de plus son adresse incroyable à l'arc, Anga ne put cacher sa surprise.

Sous ses yeux, Elana venait de tuer un animal, et comptait en manger la chair ! Cela allait à l'encontre de tout ce qu'on lui avait appris. Même si Elana ne pouvait pas encore communiquer psychologiquement avec d'autres animaux, pouvoir très rare chez un jeune Dragonnier humain, et chose que seul Eragon avait réussi à maîtriser en peu de temps car il fallait habituellement plusieurs années de pratique avant d'y parvenir, le respect de toute forme de vie animale avait fait partie des enseignements de l'Elfe et du Dragonnier.

En raison de ce lien psychologique, le Dragonnier devenait naturellement réticent à manger la viande issue d'animaux avec qui il a été en contact mental. Certes, étant une Dragonne, Anga s'en fichait comme d'un guigne et avait toujours trouvé parfaitement ridicule le fait de ne pas manger de la viande puisque les humains étaient tout autant que les Dragons des prédateurs, et qu'il en allait ainsi du cycle naturel. Mais il n'empêchait que cet acte la troublait un peu... Qu’essayait donc de prouver Elana ? Qu'elle avait complètement rompu avec ceux qui avaient débuté son apprentissage ?

"Je pars à la chasse." lança la Dragonne avant de partir en direction de l'entrée de la grotte.

Elle répondit par un grognement lorsque sa Liée, sur-protectrice, tenta de l'en dissuader.

Elle s'arrêta devant Argos et se campa devant lui, tête haute. Sentant qu'elle devait être aussi impressionnante qu'un chaton, elle sortit les crocs avec un grondement sourd.

*S'il arrive quoique ce soit à Elena pendant mon absence... Tu le regretteras, humain.*

~*~

Il faisait très sombre. Anga sentait approcher quelque chose. Ses yeux de Dragonne s’ouvrirent tout grand et elle parcourut les broussailles touffues du regard. Elle ne savait plus exactement où elle se trouvait, mais les odeurs étranges la poussaient à s’aventurer plus loin encore dans l’obscurité. Les gargouillements de son ventre lui rappelèrent qu’elle avait faim. Les parfums alléchants de la forêt lui chatouillaient les narines. Aux relents moisis de l’humus se mêlait le fumet appétissant d’une petite bête poilue.

Soudain, un éclair gris passa en trombe à sa hauteur. Anga s’immobilisa, l’oreille aux aguets. Sa proie se cachait au milieu des feuilles, à moins de quatre pas. Elle savait que c’était une souris : elle entendait le tempo rapide d’un cœur minuscule. Elle déglutit pour faire cesser les gargouillis de son estomac. Sa faim allait bientôt être satisfaite.

Elle se plaqua lentement au sol, prêt à passer à l’attaque. Puisque le vent soufflait vers elle, la souris n’avait pas pu sentir sa présence. Anga vérifia une dernière fois où se trouverait le rongeur, prit son élan et bondit en soulevant un tourbillon de feuilles.

La petite bête fila vers un trou pour se mettre à l’abri. Mais la Dragonne s’était déjà jetée sur elle. Elle cueillit l’animal sans défense du bout de ses griffes acérées et le lança assez haut. Sa proie retomba sur le sol couvert de feuilles, sonnée mais vivante. Elle tenta de s’échapper, sans succès. Elle l’envoya à nouveau dans les airs, un peu plus loin cette fois : la souris parvint à faire quelques pas avant qu’elle la rattrape.

Un bruit retentit soudain tout près de lui. Anga balaya la forêt du regard : la bête en profita pour échapper à ses griffes. Quand la Dragonne se retourna, elle la vit disparaitre dans l’obscurité entre les racines enchevêtrées d’un arbre.

Furieux, Anga renonça à la poursuivre. Elle tourna sur lui-même, les yeux flamboyant de colère, pour trouver l’origine du vacarme qui avait fait fuir sa proie.

En entendant le nom d’Arya, Murtagh tressaillit. Cela faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas entendu … des souvenirs lui revinrent en mémoire, attaquant son esprit de regret pour cette époque où tout était différent. L’espace d’un instant, un sourire familier se dessina sur le coin de ses lèvres.

— Ah … si c’est Dame Arya qui t’a enseigné ça alors …

Releva Murtagh, légèrement ironique. Il récupéra son arc, et s’apprêta à ajouter quelque chose lorsque la petite dragonne rouge se planta devant lui, l’air le plus féroce du monde. S’il arrivait quoi que se soit à Elana, il le regretterait … rien que ça. L’ancien dragonnier ne pu s’empêcher de rire doucement. S’il y avait bien une chose qui ne fonctionnait pas sur Murtagh, c’était l’intimidation, surtout lorsqu’elle provenait d’un mini-chat couvert d’écaille rouge. L’ancien parjure observa la petite dragonne s’éloigner, avant de se retourner vers la jeune dragonnière.

— Elle t’a appris à tirer des flèches, mais pas tirer du feu, je suppose …

Suggéra Murtagh, quasiment sûr de lui. Cet exercice était bien trop dangereux pour une dragonnière de cet âge là, pour qui le moindre effort magique pouvait être fatal. Mais en de rare occasion il fallait faire fi du danger et agir, sous peine de mourir sans même avoir eu le temps de réagir, et ce n’était certainement pas en soulevant des cailloux qu’Elana et Anga pouvaient espérer sauver leurs peaux. Il était temps pour elles d’apprendre à se battre, à se battre réellement. Chaque jour sur ces terres était un risque de plus, et Murtagh savait pertinemment qu’il ne serait pas toujours là pour la protéger ; ni lui, ni Eragon, ni qui que se soit.

— Brisingr, ça te dis quelque chose ?

Demanda l’ancien Dragonnier, encore une fois quasiment sûr de la réponse. Il lui expliqua alors les principes de la magie – ce qu’Eragon avait certainement dû déjà faire – mais également les vrais pouvoirs de cette force, ce qu’elle pouvait lui permettre de faire, et de ne pas faire.

— Bande ton arc, et cherche au fond de toi-même. Une fois que tu sera prête, tire, et dit simplement « Brisingr ». Tu verras …

Expliqua Murtagh. Puis, il s’écarta légèrement, observant Elana

La jeune femme regarda l'amie de son coeur partir chasser et se retrouva seule avec Argos. Ce dernier avait visiblement déjà rencontrée dame Arya par le passé à en juger par le demi- sourire qu'elle apperçut brièvement sur son visage. Il dit qu'elle lui avait appris à tirer des flèches avant de dire qu'elle ne savait sans doute pas tirer du feu. Nul doute qu'il y avait de la magie là dessous et les dragonniers de son âge ne connaissaient de l'usage de la magie que les rudiments. Le mot qu'il prononça sonnait étrangement familier à ses yeux, elle l'avait déjà entendu quelque part et chercha où elle l'avait entendu. Après réflexion elle se souvint que c'est Eragon qui lui avait parlé de ce mot, en réponse à une de ses questions au cours d'une leçon théorique.

Elle suivit les directives d'Argos et encocha une nouvelle flèche à son arc. Elle porta l'encoche de la flèche à son oeil directeur et choisit sa cible. Elle banda son arc et aligna sa cible sur la pointe de la flèche. Elle fit le vide dans son esprit et tenta de visualiser uniquement son objectif. Elle dit simplement "Brisingr" et décocha la flèche dans l'instant qui suivit. Le projectile s'enflama dans les airs mais la flamme était si ténue qu'elle s'éteignit avant d'avoir atteint la cible.

Elle arma de nouveau son arc avec une nouvelle flèche et cette fois visualisa dans son esprit la flèche et la cible. Elle prononça de nouveau le mot du feu et tira sa flèche. En plein vol la pointe de la flèche s'enflama et toucha la cible presque en plein coeur, faisant brûler un petit bosquet d'herbes sèches non loin de là. Pas mauvais pour une première fois se dit elle. Elle se retourna vers Argos afin de voir sa réaction.

Murtagh observa la jeune fille bander son arc et tirer ses flèches. Au premier coup, elle ne parvint à faire apparaître que quelques gerbes de flammes, qui enflammèrent l’espace de quelques secondes la flèche, qui partit ensuite se figer dans le talus d’herbes qui se trouvait plus loin. Le second essai fut beaucoup plus concluant : cette fois, l’ancien dragonnier n’eu le temps de voir qu’une flamme filant à toute allure vers le même talus d’herbe. L’herbe sèche de la montagne brûla doucement, tendis que le regard du Murtagh se tourna vers la jeune dragonnière. Il resta un moment silencieux.

— Tu es plutôt douée, je le reconnais …

Avoua-t-il finalement. En fait, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle le fasse, et encore moins à ce qu’elle réussisse. De toute évidence, il avait mal pensé, mais il n’était pas stupide ou point de ne pas se rendre compte que, à ses côtés, se tenait une jeune dragonnière à l’avenir prometteur. Mais c’était l’attitude et non l’aptitude qui faisait la grandeur, et sur ce point Elana avait un faible … sinon, pourquoi aurait-elle quitté Eragon ? Elle pouvait avoir probablement tout ce qu’elle voulait là-bas, à la citadelle : princes charmants, confort, nourriture … Eragon n’était pas quelqu’un de facile – et le temps n’avait pas dû l’arranger – mais il n’était pas méchant, et encore moins cruel. Il était simplement impatient, terriblement impatient … et, dans un sens, Elana était pareil.

— Tu ne dois pas simplement dire les choses. Tu dois les sentir.

Expliqua-t-il après quelques instants de silence.

— Je ne sais pas si Eragon te l’a dis, mais il faut que tu saches que la magie ne vient pas des mots. Le Peuple Gris a inventé l’Ancien Langage pour la canaliser, mais en aucun cas elle ne la contrôle. La plupart des gens sont condamnés à n’utiliser que la Magie Mineure, celle qui vie en chacun de nous, celle que tu viens d’utiliser … mais il existe une autre forme de magie, une autre, beaucoup plus puissante : celle des dragons. En tant que Dragonnière, et grâce à Anga, tu peux l’utiliser, mais avant cela, tu dois la trouver au fond de toi …

Murtagh fit une courte pause, avant de continuer

— Lorsque tu seras en situation, ou même en combat, tu comprendras mieux. Ton instinct te guidera vers elle, et alors tu verras … l’Ancienne Magie est capable de grandes choses.

Ajouta-t-il, mystérieux. Galbatorix lui avait appris à contrôler cette Ancienne Magie, ou dû moins à la soumettre à sa volonté … mais Murtagh c’était rendu compte que, malgré tout ce que pouvais dire et faire le roi félon, rien ni personne ne pouvait asservir cette magie. Elle était l’essence même de la vie, la véritable souveraine de ce monde. Galbatorix ne l’avait jamais compris, et c’était pour cela qu’il avait finit par tomber. Les elfes, eux, avaient appris à l’apprivoiser, à la manière d’un oiseau sauvage. Dû moins, c’était ce qu’il avait finit par s’imaginer, car mis à par Arya et Oromis, Murtagh n’avait jamais vu ni rencontré d’elfe. L’ancien dragonnier partis déposer le résultat de leur pseudo-chasse sur la selle de Jézabel. Tout cela lui rappelait bien de choses, des choses qui n’étaient pas forcément toutes bonnes.

La jeune femme se sentit flattée par le compliment de son entraineur mais essaya de n'en rien montrer. Elle le sentait en profonde réflexion et préféra ne pas interférer dans ses pensées, elle regarda le feu qu'elle avait déclenchée s'éteindre petit à petit et quand il eu fini de se consumer, se retourna vers Argos.

L'homme à la chevelure brune lui dit qu'elle ne devait pas se contenter de dire les choses, mais qu'elle devait les ressentir. Il lui expliqua à quelles fins le Peuple Gris avait créé l'ancien langage, c'était pour canaliser la puissance de la magie et non pas pour la contrôler comme elle le pensait initialement. Il dit ensuite qu'il existait une autre forme de magie, beaucoup plus puissante, la magie des dragons. Soudain tout devint clair aux yeux de la jeune femme, elle se souvint des propos d'Eragon le soir de leur dispute et comprit que, loin de la sermonner, il la mettait en garde. Mais quelle cruche elle était, il n'aspirait à rien de plus qu'à la protéger, et elle s'était enfui. Elle s'en voulait mais tâcha, une fois encore, de n'en rien montrer devant le brun ténébreux. Elle saisit la fin des propos de Murtagh et ne put s'empêcher de lui poser plusieurs questions.

-Comment dois-je m'y prendre pour trouver cette magie enfouie au plus profond de moi ?

-Est-ce que je peux m'en servir quand Anga n'est pas à mes côtés comme maintenant, ou faut-il impérativement qu'elle soit avec moi pour que je puisse y avoir recours ?

La jeune femme voyait la nuit tomber et s'assit à l'intérieur de la grotte. Elle rangea son arc et ses flèches avant de reprendre son entrainement à la magie "mineure" en faisant léviter le caillou. Tout aussi futile que puisse paraitre cet exercice, elle ne connaissait pas d'autre moyen de chercher une magie enfouie au plus profond de son coeur que de s'employer à utiliser un dérivé de cette magie.

Murtagh hésita un moment avant de répondre. La connaissance était une chose parfois incontrôlable, et aux yeux de l’ancien dragonnier, heureux était l’ignorant qui ne savait rien de tout ça.

— Il faut qu’Anga soit avec toi … affirma Murtagh … seule, tu ne possède pas assez de force pour utiliser ce genre de magie. Cela te tuerait.

Expliqua l’homme. Il resserra un peu plus les sangles de sa jument, avant de se tourner vers Elana.

— Je n’aurais pas dû te parler de ça. N’essaye pas, c’est dangereux. Ça pourrait te tuer, toi et ta dragonne.

L’avertit-il, l’air grave. Et la pseudo-leçon se termina. La nuit commençait à tomber, lentement, et les deux humains rentrèrent au camp, où Anga les attendait probablement. Dans son coin, Elana continua de s’exercer avec son caillou, et Murtagh ne l’interrompit que lorsque leur repas fut prêt. Les temps à venir s’annonçaient bien différent de ceux qu’il avait jusqu’à présent vécu. La seul chose qu’il ignorait encore était à quel point.

[Hyper court, désolé, c'était surtout pour clore >.<]