Retrouvailles mouvementées entre deux vieux amis (PV Murtagh) [Terminé]

Arya, la dragonnière princesse d'Ellesméra survolait les cieux des immenses montagnes des Beors sur le dos de son dragon d'Emeraude Kijani. Ils atterirent dans la dent d'ours et s'arrêtèrent au niveau du large embranchement d'un cours d'eau, ils entrèrent dans une grotte assez large pour permettre le passage d'un dragon adulte et de son dragonnier, comme tout était démesurément plus grand dans ces montagnes une telle trouvaille ne fut pas bien difficile.

Kijani sortit chasser quelques minutes et revint après s'être repu d'un nagra qui avait eu la malchance d'avoir croisé son chemin, Arya pendant ce temps avait mangé deux des fruits qu'elle avait pris dans son sac de voyage avant de quitter Ellesméra pour rejoindre la caste des dragonniers sur l'île de Doru Areaba. Elle avait pensé avant cela se rendre à la citée naine de Farthen Dûr pour rendre visite au roi Orik, dirigeant du peuple des nains et alliés de la caste des dragonniers et de l'armée libre.

Elle sortit remplir sa gourde d'eau et en s'approchant elle capta une conscience qu'elle n'avait pas croisée depuis bien longtems maintenant, depuis la chute du tyran Galbatorix pour être exacte. Pourtant il était impossible que ce dragonnier, cet ancien parjure, Murtagh le demi-frère d'Eragon soit toujours en vie, pourtant il n'y avait aucune autre interprétation possible à la présence de cet ancien homme dans les parages. Ainsi donc il a survécu et a trouvé refuge dans les Beors, mais comment avait-il pu rester hors de portée des nains depuis si longtemps alors ? Elle se dirigea tout en silence vers lui et l'aperçut enfin au détour d'un sentier. Elle se décida à s'avancer vers lui, Kijani savait tout ce qu'elle savait mais à sa demande il resta dans la grotte.

-Murtagh ?

-C'est bien toi ?

-Mais comment se peut-il que tu sois encore en vie après toutes ces années ?

-Et si tu étais en vie pourquoi ne pas être revenu vers nous à la mort de Galbatorix ?

Lorsqu’il entendit son nom crier par une femme derrière lui, le cœur de Murtagh s’arrêta brusquement. L’ancien dragonnier se figea, ignorant soudainement ce qu’il devait faire. Trop de questions se posaient en même temps … qui était cette femme – ou cette fille – qui venait de l’interpeller de cette manière ? Comment savait-elle son nom ? Comment l’avait-elle reconnu ? D’un geste brusque, Murtagh se retourna, tirant son épée pour la pointée en direction de l’inconnue … qui ne l’était pas tant, en fin de compte. Arya … comment avait-il fait pour ne pas savoir qu’elle était là ? Murtagh avait pris l’habitude de ne plus être sur ces gardes lorsqu’il sentait la présence d’un dragonnier, car Elana et Anga en étaient toujours l’explication. Sauf que cette fois, l’ancien parjure c’était trompé. Pendant un moment, Murtagh pensa à tromper l’elfe, mais il oublia bien vite cette idée, car on ne dupait pas une princesse elfe dragonnière âgée de 140 ans. Le cœur de l’ancien dragonnier tambourinait violement dans sa poitrine … il ignorait comment Arya allait l’accueillir. Il avait tué Oromis – inconsciemment bien sûr, mais c’était sa main qui avait ôté la vie de l’elfe – et tant d’autres personnes chères aux Vardens qu’il était légitime que la princesse veuille sa mort. Il vivait comme un hors-la-loi, avec des hors-la-loi, dans une ville qui n’était même pas indiqué sur les cartes officielles … rien qu’avec ça, il avait de quoi être condamné à mort.

Murtagh resta un moment immobile, à fixer l’elfe face à lui, l’épée toujours à l’horizontale. Il finit cependant par l’abaisser, aussi rapidement qu’il l’avait levé … il ne ferait jamais le poids face à Arya, et il le savait très bien. La chose qu’il espérait le plus au monde actuellement était qu’elle ne sente la présence ni d’Anga, ni d’Elana, quoi qu’il était quasiment certain qu’elle allait finir par le savoir, car s’il n’avait aucun problème pour mentir à des inconnus, il en était tout autrement pour des gens qu’il connaissait. Les yeux de la princesse semblèrent le transpercer.

— Arya …

Souffla-t-il. Que devait-il faire ? S’incliner devant elle, comme la raison l’obligeait ? Non … les choses allaient bien au-delà de ça. Que devait-il lui dire ? Lui demander son pardon ? Lui-même ne se pardonnait pas, même s’il savait pertinemment qu’il n’avait jamais fait de mal à personne de plein gré. Non, en fait il n’avait rien à lui dire. Après tout, c’était à cause d’elle aussi que Thorn était mort : elle s’était dressée contre Galbatorix et avait provoquée la guerre. C’était fou la manière à laquelle Murtagh était capable de renverser une situation …

— Il y a beaucoup de choses que tu ignores, Arya, et que tu ferais bien de continuer d’ignorer. J’ai tué Hrothgar, j’ai tué Oromis, j’étais de tous les peuples l’ennemis. Ma mort était la meilleure solution, pour tous.

En entendant la voix d'Arya l'appeller l'ancien parjure leva l'épée face à elle ce à quoi elle répondit instinctivement en pointant à l'encontre de sa lame celle de son épée d'emeraude, Aiedail. Sentant quelque chose n'allait pas normalement pour sa dragonnière Kijani sortit de sa grotte et arriva au niveau de sa dragonnière quand elle abaissasa lame en même temps que Murtagh abaissa la sienne.

La princesse elfe n'était même plus étonée de la survie de leur ancien ami à Eragon et elle, un de ceux à qui elle devait d'avoir pu s'echapper de l'emprise de l'ombre Durza dans la ville forteresse de Gil'Ead. Malgré tout ce qu'il s'était passé entre eux qui en avait fait des ennemis elle lui était toujours reconnaissante et jamais même du temps où il était un parjure elle n'avait voulu le tuer. Attention de ne pas se méprendre, elle l'aurait fait si elle n'avait pas eu d'autre choix mais elle n'en avait aucune envie, les circonstances ont la fâcheuse tendance de nous forcer à faire des choses que nous répugnons de faire sans nous laisser le choix.

-Murtagh...

-Il est vrai que tu as du sang sur les mains mais à cet égard Eragon autant que moi même serions bien mal placés pour te le reprocher. Nos mains sont aussi sales que les tiennes.

-Il est vrai en un sens que je suis aussi responsable de la mort de Thorn et par là il est normal que tu m'en veuilles. Etant maintenant dragonnière je peux difficilement imaginer toute la souffrance que tu as du endurer.

Arya ne disait pas tout cela uniquement pour satisfaire Murtagh, elle était parfaitement sincère en disant cela et il n'aurait aucun mal à le comprendre, elle avait peur mais le dissimulait tellement bien que ni ses pensées ni son visage ne trahissaient cette peur profonde qui lui nouait le coeur à l'idée que Murtagh, Eragon et elle soit forcés de s'affronter à nouveau comme cela avait été le cas auparavant. Peut être que si Arya avait continué d'ignorer la survie de Murtagh les choses auraient été plus simples mais maintenant qu'elle le savait elle ne pourrait pas faire comme si de rien n'était.

Le cacher n'est pas un problème pour elle, le cacher à Eragon la c'est une tout autre histoire, nul doute que si Murtagh sondait ses pensées à cet instant précis il comprendrait qu'elle s'inquiétait pour Eragon autant qu'elle s'inquiétait pour lui. Malgré tout ce qu'il s'est passé entre eux ils partagent toujours un lien sans doute bien plus fort qu'ils ne l'imaginent tous les trois.

Le regard de Murtagh s’attarda un moment sur l’épée verte de l’elfe. Ainsi, elle avait terminée sa formation … quoi de plus normal. De toutes les personnes qu’il avait connu, Arya était probablement la personne la plus proche d’atteindre le rang de dragonnière. Dans le monde des hors-la-loi, les nouvelles étaient rares et peu fiables, et peu était ceux qui connaissaient les évènements qui avaient lieux au Vroengard, la citadelle des dragonniers. Le regard de Murtagh se leva lorsque le dragon émeraude de l’elfe apparu dans le ciel. Tel une ombre, il vint se poser aux côté de sa dragonnière … fière, immense, puissant … c’était donc à cela que ressemblait un dragon adulte … et c’était donc lui qui avait fait chavirer le cœur de la belle Saphira … Tour à tour, Murtagh observa Arya, puis Kijani. Ils formaient tous deux un couple difficilement dissociable. Le cœur de l’homme se serra lorsqu'il repensa à sa gloire passée.

— En effet … tu ne peux pas.

Répondit froidement Murtagh, un peu trop après réflexion. L’ancien parjure tenta d’adoucir son visage, mais il savait que la colère, à la moindre occasion, profiterait de sa faiblesse pour reprendre le dessus. Rangeant son épée, l’homme chercha sa jument Jézabel des yeux puis, après un léger silence, il demanda à Arya et Kijani:

— Je suppose que vous êtes à la recherche d’Elana …

Que pouvait-ils faire d’autre dans ces montagnes ? Pas grand-chose … Murtagh savait qu’en demandant cela, Arya comprendrait beaucoup de chose. Tout d’abord qu’il était au courant de la disparition de la jeune fille, ensuite qu’il en connaissait l’importance, et enfin … qu’il savait probablement où elle était, ce qui était vraisemblablement le cas. Murtagh se doutait qu’Elana n’avait probablement pas envie de retourner au Vroengard ni auprès d’Eragon, pourtant il viendrait un jour où la vérité éclaterait … ils ne pourraient cacher indéfiniment sa dragonne Anga, qui grandissait de jour en jour.

Kijani volait dans le ciel, zigzaguant autour des gigantesques montagnes, sa dragonnière sur le dos. Il commençait à être fatiguée, aussi ils atterrirent à la Dent d'Ours. Il laissa juste le temps à sa Dragonnière de descendre avant de sauter dans la rivière devant laquelle ils s'étaient arrêtés. Il plongea sous l'eau tandis que toutes les petites bêtes aquatiques fuyaient à son approche. Parfois il lançait sa langue et en attrapait une. Il resta quelques minutes sous l'eau sans revenir à la surface puis, manquant d'air, il émergea. Les gouttelettes d'eau ruisselaient tout le long de son immense corps, aussi, il s'ébroua avec joie, aspergeant tous ce qui était à côté de lui. Il sauta lourdement sur la berge et rejoignit Arya qui l'attendait patiemment. Ils entrèrent dans une grotte qui était immense à l'image des montagnes et ils déposèrent leurs affaires.

Constatant qu'il avait faim malgré les petites bêtes de la rivière qui n'étaient somme-toute que des amuse-gueule, il prit son élan et s'envola, scrutant le sol. Il repéra rapidement un nagra qui ne semblait pas m'avoir remarqué. **Il doit être bien peu alerte pour ne pas remarquer que je suis la**. Il fonça vers lui en poussant un rugissement si puissant que quelque pierres de taille moyenne dévalèrent la pente à toute allure. Le nagra leva la tête paniqué et quand il le vit, il s’élança. Peine perdue : en deux, trois battement d'ailes, il était sur lui. Ses puissantes mâchoires se refermèrent sur la malheureuse bestiole et il se posa tandis qu'elle rendait l'âme. Il prit son temps pour manger et n'en laissa que des os. Il retourna ensuite à la grotte où l'attendait sa Dragonnière.

Arya sortit remplir sa gourde d'eau et lui-même se coucha en boule pour se reposer. Il capta alors la surprise d'Arya et vit Murthagh dans ses pensées. Ainsi donc il avait survécu. Il s’apprêtait à la rejoindre mais elle lui demanda de rester dans la grotte. Il s'inclina à sa demande mais regarda la scène par ses pensées. C'était bien Murthagh. Il le vit se retourner et lever sa lame. Au moment même où Arya levait également la sienne il s'envola volant aussi vite qu'il le pouvait vers là où il sentait le Parjure et Arya. Il arriva et se posa à côté d'Arya ne quittant pas Murthagh des yeux. Il se détendit quand les deux baissèrent leur lames. Arya prit la parole et évoqua Thorn. Il sentit que l'ancien Dragonnier devenait triste à sa pensée et il ne put que compatir lui aussi. Il serait devenu fou si Arya était morte et si lui même aurait pu survivre. Sauf qu'il ne pouvait pas, et heureusement, il serait mort.

— Je suppose que vous êtes à la recherche d’Elana …

A la recherche d'Elana ? Qu'avait t-elle fait ? C'était t-elle enfuie ? Ils n'étaient pas au courant des derniers évènements qui ce passaient à Vroengard, car ils revenaient d'Ellesméra. Il inclina la tête, montrant ainsi sa surprise, non feinte par-ailleurs. Il laissa échapper un nuage de fumée tandis qu'il grognait mentalement, autant pour lui que pour sa dragonnière :

**-Qu'est-ce qui c'est passé ? Il manquerait plus qu'elle s'en aille... Je déteste ne pas savoir quelque chose... **

Il ignorait si Murthagh avait vu cette dernière mais il ne lui demanda pas, s'informant toutefois si elle était dans cette région des Beors.

** — A t-elle été vu ici ? Pourquoi est t-elle partie, nous ne savions pas qu'elle s'était sauvée... **

HJ : je m'incruste ^^ j'espère que c'est pas trop mauvais !

Le dragon et sa dragonnière, maintenant réunis face à l'ancien parjure étaient tous deux aussi surpris par les mots qu'il prononça. Elana ? Mais elle était à Vroengrad avec Eragon quand ils étaient partis pour Ellesméra. Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ? Arya gardait son calme comme à son habitude mais intérieurement elle bouillannait. Murtagh n'avait pas l'air de mentir malheureusement, par acquis de conscience elle sonda son regard mais n'y vit que la lueur parfaitement calme de quelqu'un qui dit la vérité. Il pouvait se tromper comme il s'était trompé en disant à Eragon en ancien langage qu'il était son frère alors qu'ils n'étaient que demi-frères, ayant seulement la même mère. Elle posa sa main sur l'épaule de Kijani au moins aussi perdu et énervé qu'elle pour essayer de le calmer, elle se retourna ensuite vers Murtagh.

*-Calme toi Kijani...je vais essayer de voir ce que je peux tirer de lui...Ne le quitte pas des yeux.*

-Murtagh...Comment peux-tu connaitre l'existence d'Elana ?

-Tu n'as pas l'air de mentir...Ni même de te tromper...Tu es sincère...

-Une histoire bizzare...Qui parait incroyable...Sans doute la vérité.

-Dis moi tout ce que tu sais s'il te plait...Il faut que nous la retrouvions.

-Je suis sûre que tu sais très bien ou elle est...

-Il est inutile d'essayer de me leurer...Je verrai tout de suite si tu me mens ou si tu me répond sincèrement.

-Où est-elle et qu'est-elle venue faire ici ?

Un léger silence s’installa lorsque Murtagh cita le nom d’Elana, et une sorte d’incompréhension naquit sur le visage d’Arya, incompréhension qui n’échappa pas au regard de l’ancien parjure … ignorait-elle la fugue de la jeune dragonnière ? Cela faisait plusieurs semaines déjà qu’elle avait quitté le Vroengard et sa citadelle … la seule explication était qu’Eragon ne l’avait pas prévenu. Murtagh n’arrivait pas à comprendre … Pourquoi avait-il fait cela ? Pour empêcher ses ennemis de trouver la fille avant lui ? Tandis que les questions s’accumulaient dans l’esprit de Murtagh, Arya le bombarda d’interrogation de manière à savoir ce que lui savait … allait-il lui dire la vérité ? L’homme hésita un moment … Il était peut être temps pour Elana de retourner de là où elle venait. Quel avenir avait-elle dans ces montagnes ? Aucun, et Murtagh le savait très bien. Après un instant sans répondre, l’homme se mit enfin à parler.

— Il y a presque un mois de ça j’ai trouvé la fille et sa dragonne dans les montagnes. Elle avait fuis votre citadelle (il insista sur ces deux mots, de manière à bien rappeler qu’il n’avait jamais fait partis de la Caste), le Vroengard. Il semblerait qu’elle ait un … petit différent avec ce cher Eragon. J’ai jugé bon de la garder avec moi.

L’ancien Parjure fit une courte pause, avant d’ajouter :

— Je sais que sa dragonne est la fille de Saphira, et de ton dragon, Kijani. Elle s’appelle Anga.

Murtagh jeta un regard vers le grand dragon vert … les yeux ors du lézard géant ne semblaient pas le quitter. Si l’homme ne disait pas toute la vérité, il ne mentait pas : à quelques choses près, Murtagh, Elana et Anga s’étaient rencontrés de cette manière, à quelques lieues d’ici.

— Elles sont en lieux sûr, si c’est ce que tu veux savoir.

Annonça l’homme, sans en dire davantage. Leur passé commun ne lui facilitait pas la tâche … il ne pouvait lui dire où se trouvait Elana exactement, ni qui elle fréquentait. En tant que membre de la Confrérie, Arya et Kijani se devaient de faire régner l’ordre sur les Nouvelles Terres, par conséquent Murtagh ne pouvait se permettre de leur indiquer l’emplacement de la plus grande réserve de hors-la-loi qui pouvait exister, ni même celui de son propre refuge. Mettre la princesse elfe dans un tel embarras serait de l’égoïsme pur.

Un autre problème effleura l’esprit de Murtagh. Elana … elle ne serait jamais d’accord pour retourner auprès de son ancien maître. Et puis, l’homme devait avouer que, malgré lui, il commençait à bien l’aimer et à s’habituer à sa présence. Elle lui rappelait sa « fierté » passé, et ce qu’il n’avait jamais pu être. Y avait-il autre chose ? Il refusait d’y croire et même d’y penser …

Murtagh mit un certain temps à répondre à Arya et se décida finalement à prendre la parole. Au fur et à mesure qu'il parlait la dragonnière et son dragon ne le quittaient pas des yeux, guettant le moindre mensonge de sa part. Murtagh était sincère et bien qu'il soit un parjure, elle savait Elana en de bonnes mains avec lui.

-Soit...Je te connais suffisemment bien pour savoir que tant qu'Elana restera auprès de toi, elle sera à l'abri.

-Tu es peut être un parjure ou tout ce qu'on veut, mais je sais que tu n'es pas foncièrement mauvais. J'en veux pour preuve le fait que tu n'ai pas exigé de rançon contre Elana et que tu la gardes auprès de toi. Le Murtagh que j'ai connu existe toujours dans ce coeur, je le sais, je le sens, il est encore en vie.

Arya parlait aussi sincèrement que Murtagh, il n'y avait nulle tromperie dans ses paroles et Murtagh était mieux placé que quiconque pour le savoir.

Murtagh resta un petit moment perplexe, ignorant comment son esprit devait interpréter les paroles d’Arya. Qu’espérait-elle à dire cela ? Une rédemption de la part de Murtagh ? Comment le pouvait-il … s’il n’y avait que les autres. Mais non. Les autres ne lui pardonneraient pas, il ne se pardonnait pas lui-même. Pourtant, les paroles de l’elfe le touchèrent, bien plus profondément que n’aurait pu le faire une lame. L’ancien Dragonnier jeta un regard vers Kijani … il ne l’oubliait pas, loin de là. Il savait qu’au moindre geste brusque de sa part, le grand dragon vert fondrait sur lui, tel un rapace s’abattant sur sa proie.

Du coin de l’œil, Murtagh chercha Jézabel, qui devait être partis brouter quelque part. Lorsque son esprit la trouva, il lui intima de venir le rejoindre, ce que la jument fit sans une once d’hésitation. Un bruit de sabots martelant la pierre se fit bientôt entendre, et la jument noire apparue, hennissant doucement.

— Si tu le dis …

Répondit simplement Murtagh, tout en s’approchant de son cheval. Il déposa sur la selle de sa monture l’épée qu’il avait quelques minutes auparavant pointée vers Arya.

— De toute façon, je ne vois pas ce que ça peut te faire … continua-t-il froidement … que je sois resté le même ou non, nous demeurons ennemis, de part nos rangs ; toi, en étant dragonnière, et moi, en étant un ancien impérial refusant l’autorité d’Eragon. Malheureusement Arya, un jour nous seront confrontés à ce problème.

— Alors, il vaut mieux pour toi que tu ne te demandes pas qui je peux être au fond de moi. Cela te facilitera grandement la tâche lorsque tu devras me tuer.

Expliqua l’ancien parjure, si peu loin de la vérité. Il attrapa la bride de sa jument et fit face à Arya, attendant sa réaction. Elle ne pouvait qu’approuver, c’était ce qu’elle devait faire, car il avait raison.

Murtagh, tout en écoutant les paroles d'Arya appella à lui sa jument noire Jézabel, voyant cette dernière arriver et Murtagh ranger son épée dans le fourreau sur la selle, elle resta calme et écouta les paroles du demi-frère d'Eragon.

-Tu as sans doute raison Murtagh.

-Il est inévitable qu'un jour nous combattions, et je sais qu'au fond de toi-même tu en es parfaitement conscient.

-Mais tu sais tout aussi bien comment je réagirai si une guerre devait éclater entre Eragon et toi.

Arya ne finit pas sa phrase mais le regard qu'elle adressa alors à Murtagh était sans équivoque. Il savait pertinemment ce qu'il était pour elle bien qu'il n'en montre jamais rien ouvertement, pour son plus grand plaisir il faut bien l'avouer. Si un jour une guerre devait éclater entre Eragon et Murtagh, le choix d'Arya était fait. En vérité il était déjà fait depuis bien longtemps.

Non, justement, il ne le savait pas. Ou dû moins, il ne voulait pas se l’imaginer. Mais le regard que porta alors l’elfe sur lui valu bien tous les discours du monde. Murtagh tressaillis, craignant d’avoir compris. Irait-elle jusqu’à trahir son rang pour lui ? Tournerait-elle le dos à tout ce pour quoi elle s’était battue, simplement pour lui ? D’abord emplis par un sentiment de reconnaissance, une colère qu’il prit soin de dissimuler s’empara ensuite de lui. Si elle tenait tant à lui, pourquoi ne l’avait-elle pas montré plus tôt ? Pourquoi n’avait-elle pas été là lorsqu’il en avait eu besoin ? Peut être aurait-elle pu empêcher ce qui s’était passé … mais non. Elle était restée avec Eragon. Comme tous les autres d’ailleurs. D’abord sa mère Sélène, ensuite elle … l’ancien dragonnier s’était toujours sentis laissé pour compte. Pourtant, ses origines ne manquaient pas … fils d’un Parjure, et pas des moindre, fils de Morzan ! Mais non … Galbatorix ne s’était intéressé à lui uniquement parce qu’à travers le fils il avait la possibilité de contrôler le père.

Murtagh récupéra les rênes de Jézabel, les ajusta, avant de se hisser sur l’animal. Il avait gardé ce silence qui lui était si habituel, mais son regard noir et froid croisa celui d’Arya, qui ne semblait pas le lâcher des yeux. L’ancien dragonnier aurait voulu se montrer moins distant, plus chaleureux, mais il en était incapable … face au regard d’Arya, Murtagh baissa un moment les yeux, ne pouvant le soutenir. Il ne se l’avouait pas, mais la revoir lui faisait finalement plaisir, bien plus plaisir qu’il n’aurait pu se l’imaginer.

Après un long instant de silence, digne du fils de Morzan, Murtagh s’adressa à la princesse elfe.

— Arya … je t’amènerai la fille ici, demain, à l’aube. Tu la ramèneras à Aberon … il est temps pour elle de retrouver sa véritable place.

Annonça l’ancien dragonnier.

Arya vit la colère passer dans le regard de Murtagh et ne s'en offusqua pas le moins du monde. Elle comprenait parfaitement les raisons de sa colère et savait très bien qu'elle la méritait. Elle aurait dû lui dire plus tôt ce qu'elle ressentait pour lui, mais elle n'en avait rien fait jadis parce que Murtagh était un parjure et avait été forcé de s'allier à Galbatorix. Elle n'avait eu de cesse de chercher, dans le secret, un moyen de le défaire de son serment vis-à-vis du roi fou mais n'avait hélas rien trouvé. Malgré toute l'intensité de son désir de lui venir en aide.

Maintenant que Galbatorix n'était plus et qu'elle avait découvert la survie de Murtagh, elle savait trè bien quel serait son choix si une guerre venait à éclater entre les deux frères. Non, en vérité elle l'avait toujours su. Elle avait simplement caché au plus profond de son coeur ses sentiments pour Murtagh afin de ne pas les faire souffrir d'avantage Eragon et lui. Une belle idiotie fallait-il croire. Elle aurait du tout lui dire dès le début. Peut-être alors le pire aurait-il pu être évité. Mais il était de toutes façons trop tard pour revenir sur le passé. Il faut vivre dans le présent.

-Tu as raison.

-Demain tu pourras me retrouver ici avec Elana.

-Je la ramènerai ensuite à Aberon.

-A demain mon ami.

Arya regarda Murtagh partir sur le dos de Jezabel et alla s'asseoir dans la grotte où elle s'était arrêtée un peu plus tôt. Kijani s'approcha d'elle et elle se blottit contre les ecailles du dragon vert.